Durs temps pour les organismes de coopération internationale

Au Québec, le gouvernement s’est doté de pouvoirs exceptionnels afin de pouvoir faire face aux nombreux enjeux posés par la crise de la COVID-19 : mesures de confinement, décret sanitaire, renforcement de la sécurité publique, restrictions des déplacements dans certaines régions, interdiction de rassemblement. Des pans entiers des conventions collectives ont même été levés.

Les actions posées par le gouvernement du Québec ne sont pas uniques. Partout dans le monde, les pays ont également restreint les libertés individuelles de leurs citoyennes et citoyens. Une situation qui inquiète grandement Feroz Mehdi, chargé de projet et membre du Syndicat des travailleuses et des travailleurs d’Alternatives, une organisation de coopération internationale basée à Montréal.

« Plusieurs pays font déjà preuve de dérives autoritaires importantes. Imaginez la situation quand les gouvernements interdisent les rassemblements, contrôlent les déplacements de population et restreignent la liberté de la presse ! Partout dans le monde, les groupes de défense des droits de la personne avec lesquels nous travaillons sont très inquiets. Les gouvernements, certains fascisants comme en Inde, se dotent de super pouvoirs et il n’est pas clair qu’ils vont s’en départir une fois la crise passée… »

Plusieurs projets menés par Alternatives ont dû être ajustés, voire être mis temporairement sur la glace. « Nous avons un grand programme régional au Moyen-Orient qui vise à appuyer le travail des femmes journalistes. On a dû interrompre temporairement nos activités. Heureusement, nos bailleurs de fonds sont très compréhensifs, les délais ont été prolongés et nous avons pu maintenir le salaire de nos partenaires sur le terrain. »

La dizaine d’employé-es d’Alternatives sont actuellement en mode télétravail. Les dîners-causeries du vendredi se tiennent dorénavant sur Internet. Les journées précédant la fermeture des espaces aériens n’ont toutefois pas été de tout repos : l’organisme a dû rapatrier d’urgence une vingtaine de stagiaires québécois, dispersés en Afrique du Sud, au Sri Lanka, en Ouganda, en Tunisie et en Malaisie.

« On a réussi à rapatrier tout le monde, très rapidement. Malheureusement, nous sommes dans l’incertitude quant à nos programmes de stages prévus pour le mois de juin. »