S’adapter… pour gagner !

Comment s’assurer d’avoir négocié une bonne lettre d’entente? Le résultat du vote en assemblée générale nous donne souvent un bon indice. Mais quand l’employeur admet avoir négocié son pire règlement, on commence à pouvoir être certain d’avoir fait un bon boulot.

« Vous dites que vous avez négocié un horaire sur quatre jours plutôt que cinq, une paye de 42,5 heures pour 32 heures travaillées et que, par-dessus le marché, vous aviez 300 membres payés pour être sur appel en cas de pépin ?! »

L’auteur de ces lignes, qui n’en croyait pas ses oreilles, a dû répéter la question une demi-douzaine de fois. À l’autre bout de la ligne, Hélène Fortin, présidente du syndicat représentant les chauffeurs du Réseau de transport de la Capitale, apportait tout de même une nuance : « Oui, mais il faut dire qu’on n’avait plus accès aux primes et aux heures supplémentaires… »

Mais quand même, le 26 mars 2020, moins de deux semaines après la déclaration de l’état d’urgence sanitaire au Québec, le Syndicat des employés du transport public du Québec Métropolitain s’entendait avec la direction pour éviter les mises à pied que les baisses d’achalandage envisagées risquaient d’entraîner.

Hélène souligne que le risque de conflit intergénérationnel était réel au sein de son syndicat : la diminution de la clientèle pendant le confinement aurait inévitablement entraîné des mises à pied ou des diminutions d’heures pour les membres ayant moins d’ancienneté, alors que les plus anciens auraient pu continuer à accumuler les heures supplémentaires. C’est donc afin d’éviter cette situation que le syndicat a entrepris un blitz de négociation qui s’est conclu par les gains énoncés ci-dessus.

Le hic? L’entente n’a pu être présentée et ratifiée en assemblée qu’en septembre 2020, alors qu’elle avait pris fin deux mois auparavant. Une assemblée en présentiel, par rotation, pour respecter les consignes sanitaires. « J’ai répété la même affaire pendant deux jours de temps! », se rappelle Hélène.

« C’était la première fois qu’on s’entendait sur une chose d’une telle ampleur sans pouvoir consulter les membres, convient la présidente du syndicat. On a pris ça sur nos épaules, à cinq officiers. Il faut prendre en compte les intérêts de l’ensemble des membres qu’on représente. Le temps supplémentaire, c’est vrai que c’est beaucoup, ça peut parfois représenter 200 $ par semaine. Alors que c’est vrai que, sur les 1000 membres qu’on représente, on a peut-être reçu une dizaine de plaintes… »

« Pour nous, ce règlement, c’était vraiment la façon la plus équitable de traverser la crise. Et à voir les félicitations du monde lors de la présentation de l’entente, je pense qu’on ne s’est pas trompé », laisse tomber Hélène Fortin.