Reprise attendue dans les casinos et au Parc olympique

Alors que plusieurs secteurs de la FEESP-CSN ont été épargnés par les mises à pied, certains les ont vécues de plein fouet. C’est le cas des casinos du Québec, qui ont été fermés pratiquement toute la durée de la pandémie. La Régie des installations olympiques fut également du nombre. Heureusement, la situation s’améliorant grandement, ceux-ci devraient rouvrir leurs portes sous peu.

Alors que l’unité générale du Casino de Montréal comprend 800 travailleuses et travailleurs responsables de l’accueil, de l’entretien et du service à la clientèle, à peine une quinzaine d’entre eux étaient au travail depuis l’automne dernier. On comptait une demi-douzaine de préposés à l’entretien, autant d’électriciens et de mécaniciens de machines fixes et une personne au centre d’appels.

La réouverture du casino, prévue au cours des prochaines semaines, engendrera une vaste opération de rappel au travail et de choix d’horaires. Le fait que certains départements ne rouvriront pas tout de suite pour des raisons sanitaires ne viendra certainement pas simplifier les choses.

En temps normal, le rappel au travail se ferait en fonction du titre d’emploi, du statut de la personne salariée et de son ancienneté.

« Mais on savait que des départements ne rouvriraient pas tout de suite, comme les vestiaires ou les valets », explique le président de l’unité générale du Casino de Montréal, Giovanni Vaccaro. « Certains des salariés de ces départements ont beaucoup d’ancienneté. On ne pouvait pas les laisser dans les limbes! »

En effet, un salarié affecté à l’un de ces départements n’aurait pu être rappelé au travail au service à la clientèle, par exemple.

Une négociation s’est donc ouverte avec l’employeur pour convenir d’un mécanisme approprié de rappel au travail en fonction de la situation. Ainsi, un salarié pourra, le 24 octobre prochain, exercer un droit de supplantation dans un autre département que le sien s’il n’a toujours pas été rappelé au travail.

Pourquoi le 24 octobre? « C’est la date de fin du chômage, aussi simple que ça », explique Giovanni.

« Pour nous, ça a toujours été clair que le problème était temporaire. On ne voulait pas d’une solution permanente pour un problème qui prendra fin relativement bientôt. On ne voulait pas chambarder la vie du monde pour rien, ça n’aurait pas été correct. »

Le retour de la main-d’œuvre?

Après tant de mois à l’arrêt, certains établissements pourraient rencontrer de sérieux problèmes de rétention et de recrutement de main-d’œuvre.

« Il va y avoir des défis pour combler certains postes, c’est clair », affirme sans détour Alain Parent, serveur à l’hôtel Hilton du Casino du Lac-Leamy, en Outaouais, et secrétaire-trésorier de son syndicat.

« Il y a des personnes qui se sont trouvé des jobs ailleurs, c’est certain. Il y a des serveurs et des commis qui ont déjà annoncé qu’ils ne reviendront pas. J’ai des collègues dans le secteur privé où c’est pire, ça va être un gros problème de recrutement dans toute la région. »

Certaines pratiques de gestion pourraient toutefois jouer un mauvais tour aux employeurs. C’est ce que craint Pierre Fortier, président du Syndicat des salariées et salariés de la RIO, qui regroupe près de 175 membres responsables de la sécurité et du service à la clientèle.

« Nous, ce n’est pas un problème de recrutement qu’on vit. Ce sont les boss qui ne veulent pas engager et qui veulent étirer la sauce par tous les moyens possibles! Ça fait deux ans que je les talonne là-dessus », déplore-t-il.

La convention prévoit en effet un nombre minimal de personnes disponibles par corps d’emploi. Les agents de sécurité, par exemple, doivent être au nombre de 60, mais la liste n’en contient que 49 en ce moment. « Et ça, c’est sans compter le fait que 19 d’entre eux n’ont jamais donné signe de vie dans les douze mois précédant la pandémie – et encore moins depuis! Donc, dans la vraie vie, il y a seulement 30 agents disponibles. »

La mise sur pied d’un centre de dépistage puis, en février, d’une clinique de vaccination au Stade olympique a entraîné le retour au travail de plusieurs membres de l’unité générale du Parc olympique. « C’est sûr que quelqu’un qui veut travailler 40 heures par semaine ces temps-ci, il va les faire », mentionne Pierre. Toutefois, l’absence de zèle de l’employeur à embaucher du monde le force à faire affaire… avec les agences privées de placement.

« Ça n’a même plus d’allure, se désole Pierre. Certaines journées, il y a un agent de sécurité syndiqué pour sept autres provenant des agences de placement… »