La CSN réclame l’abandon du projet de loi 23

Photo : 1er juin 2023 Pascal Ratthe

« Le ministre ne fixe pas ses priorités à la bonne place si l’éducation est censée être une priorité nationale. La centralisation contenue dans le projet de loi ne règle aucun des problèmes de l’heure », insiste Caroline Senneville, présidente de la CSN.

La CSN, qui sera en commission parlementaire tard ce soir, afin d’expliquer pourquoi le projet de loi 23 du ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, rate la cible en ce qui concerne les enjeux actuels en éducation, comme les retards scolaires postpandémiques, le personnel insuffisant et à bout de souffle, la limitation nécessaire de l’enseignement à distance ainsi que l’accroissement de la détresse psychologique et de la violence.

« Le ministre ne fixe pas ses priorités à la bonne place si l’éducation est censée être une priorité nationale. La centralisation contenue dans le projet de loi ne règle aucun des problèmes de l’heure », insiste Caroline Senneville, présidente de la CSN.

Malgré cela, la CSN pense qu’un projet de loi ou un projet de règlement portant uniquement sur la collecte de données et l’accès à l’information concernant le réseau de l’éducation serait pertinent, si on s’assure d’une diffusion de l’information auprès des partenaires.

La nécessité de préserver l’intégralité du Conseil supérieur de l’éducation

La fin annoncée du mandat du Conseil supérieur de l’éducation pour les niveaux primaire et secondaire est dénoncée par la CSN et s’avérerait une perte colossale pour le milieu de l’éducation, de la maternelle à l’université. « Le Conseil supérieur de l’éducation a été fondé en 1964, en même temps que le ministère de l’Éducation. Il a fait ses preuves, son expertise est reconnue et son indépendance est un élément indispensable », affirme Caroline Quesnel, présidente de la FNEEQ–CSN.

Le nouvel institut national d’excellence en éducation ne répondrait pas à un réel besoin alors qu’il existe déjà des organismes de recherche et d’innovation en éducation. Segmenter l’analyse ne ferait qu’encourager une vision en silo, nocive pour l’enseignement de façon générale. Les réseaux ont besoin de cohésion, pas de division.

Centralisation des pouvoirs à Québec et entrave à l’autonomie

La possibilité d’intervenir sur les services aux élèves en fonction de l’information qui sera recueillie est ce qui fait le plus sourciller la CSN. « Il ne faut pas qu’on se fasse dire comment ça va se passer dans nos classes et que des services soient décidés en fonction du tableau de bord à Québec sans tenir compte des réalités régionales et du type de clientèle. Les personnes qui sont proches des élèves sont celles qui savent le mieux comment intervenir auprès des jeunes. » insiste Frédéric Brun, vice-président de la FEESP–CSN.

La CSN s’inquiète aussi de la possibilité prévue au projet de loi, que le ministre de l’Éducation puisse choisir les directions générales, annuler des décisions prises par les centres de services scolaires et de leur imposer des ententes de gestion et d’imputabilité. « Les risques de microgestion de la part du ministre, notamment lors des sorties médiatiques, sont énormes », ajoute Caroline Senneville.

Enfin, la possibilité de limiter par règlement les choix de formation par les employé-es eux-mêmes est, selon la CSN, une entrave à l’autonomie professionnelle.