Les intervenants de ces écoles sont inquiets et anxieux. Ils connaissent les vulnérabilités de leurs élèves, tant sur le plan développemental que sur leur santé physique et psychologique. Ils craignent d’être pour eux des vecteurs de contagion. Ils craignent aussi d’être contaminés et de contaminer leur cercle familial.
À l’aube de l’annonce de nouvelles mesures de confinement par le gouvernement du Québec, les employé-es de soutien, membres de l’Association professionnelle du personnel administratif (APPA–CSN) de l’école Irénée-Lussier (maison mère et annexes) de Montréal manifestent pour revendiquer un rehaussement des mesures permettant de les protéger dans l’exercice de leur travail. Ces derniers dénoncent haut et fort ce qui est vécu dans les 14 écoles à mandat régional ou suprarégional du Centre de services scolaires de Montréal.
Les employé-es de ces 14 écoles spécialisées accueillent au quotidien des élèves d’âge préscolaire, primaire et secondaire présentant des besoins et défis suffisamment grands pour ne pouvoir être intégrés dans des milieux réguliers ou encore dans des classes spéciales en milieu régulier. Ces écoles spécialisées ont une offre de services sur mesure, définie en fonction des caractéristiques et besoins spécifiques de leur clientèle. La majorité de ces clientèles nécessite des services de proximité, tels des soins d’hygiène, une aide à l’alimentation, la gestion de crise, certaines techniques d’enseignement, etc. Les intervenantes et intervenants de ces écoles sont confrontés au quotidien à des comportements tels des morsures, des crachats, des égratignures, ou à des problématiques d’incontinence ou de salivation non contrôlée. Dans certaines de ces écoles, les soins prodigués et interventions mises en place sont équivalents à ce qui se fait dans le milieu de la santé et des services sociaux. Or, ces écoles ne profitent pas des mêmes avantages que dans le réseau de la santé : pas de dépistage régulier ni de priorisation pour la vaccination.
Les intervenants de ces écoles sont inquiets et anxieux. Ils connaissent les vulnérabilités de leurs élèves, tant sur le plan développemental que sur leur santé physique et psychologique. Ils craignent d’être pour eux des vecteurs de contagion. Ils craignent aussi d’être contaminés et de contaminer leur cercle familial.
Pour sa part, l’école Irénée-Lussier accueille des élèves de 12 à 21 ans atteints de déficience intellectuelle moyenne à sévère ou de trouble du spectre de l’autisme. Ces élèves ne comprennent pas le propre des mesures sanitaires. Cette école a déjà fait face à plusieurs fermetures de classes. À la fin novembre, à la maison mère, sept classes sur onze avaient été fermées ainsi que les cinq classes de l’annexe Jeanne-Mance.
Mesures de protection et encadrement prioritaire
« Qu’on nous comprenne bien : ce n’est pas qu’on ne veut pas travailler, mais on veut être en mesure de le faire dans des conditions qui soient sécuritaires pour l’ensemble du personnel. On accueille des élèves souvent lourdement handicapés déjà aux prises avec des problèmes de comportement et d’hygiène personnelle. Ce n’est pas évident de faire respecter toutes les mesures sanitaires dans de telles circonstances (port du masque, lavage fréquent des mains, désinfections, etc.). On se retrouve régulièrement dans des situations qui s’apparentent grandement à ce qui est vécu dans le réseau de la santé et des services sociaux, avec une clientèle vulnérable et un personnel constamment à risque. On comprend qu’on offre un service essentiel, mais encore faudrait-il que l’on soit considérés comme tels, avec le même traitement prioritaire au niveau des tests de dépistage et de la vaccination que les autres travailleurs essentiels », a déclaré Michel Picard, président de l’APPA–CSN.
Scolarisation à mi-temps et diminution des ratios : une nécessité
À l’instar de l’expérience positive vécue au printemps dernier, où le ratio des élèves par classe permettait l’application des mesures sanitaires et la désinfection régulière, les employé-es de soutien de l’école Irénée-Lussier, empathiques aux besoins des parents, souhaiteraient diminuer le ratio des élèves par classe, soit en créant plus de classes, soit en instaurant la scolarisation à mi-temps (une journée sur deux), ce qui permettrait un meilleur encadrement des enfants, en plus de permettre au personnel déjà exténué de souffler un peu. « Ce n’est un secret pour personne, le personnel au front depuis le début de la pandémie est à bout de souffle. C’est le cas du personnel de soutien, des préposé-es et des techniciennes et techniciens en éducation spécialisée qui doivent maintenir les services offerts aux élèves, confinement ou pas. Ce qu’on demande, c’est de réduire le nombre d’élèves par classe afin de permettre un meilleur encadrement des enfants, diminuer les risques de transmission du virus et permettre au personnel d’avoir un peu de répit. Avec les absences qui s’accumulent, la pénurie de main-d’œuvre et l’essoufflement général du personnel, ce n’est plus une recommandation. Il s’agit d’une nécessité. Il en va du bien-être de tout un chacun », a renchéri Annie Charland, présidente du secteur scolaire à la Fédération des employées et employés des services publics (FEESP–CSN).
Rappelons qu’une lettre avait été transmise au ministre de l’Éducation en décembre dernier pour soulever ces problèmes et réclamer des mesures et des conditions de travail plus appropriées
Les manifestations vont se poursuivre jusqu’à la fin de la semaine, et ce, dans les trois annexes de l’école Irénée-Lussier : Hochelaga, Jeanne-Mance et Le Caron.
À propos
L’Association professionnelle du personnel administratif (APPA) compte plus de 5500 membres répartis entre le Centre de services scolaires de Montréal et la Commission scolaire English-Montréal. L’APPA est affiliée à la Confédération des syndicats nationaux (CSN), au secteur scolaire de la Fédération des employées et employés des services publics (FEESP–CSN) et au Conseil central du Montréal métropolitain (CCMM–CSN).