Manque de personnel de soutien dans les cégeps : des impacts à prévoir sur la population étudiante

Dans de nombreux cégeps à travers le Québec, le début de la session d’automne s’annonce difficile. C’est ce qu’affirme aujourd’hui Riccardo Pavoni, président du Secteur soutien cégeps de la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP-CSN). « La rareté de la main-d’œuvre frappe de plein fouet le personnel de soutien dans les cégeps. La qualité des services offerts aux étudiantes et aux étudiants en souffrira, inévitablement. »

Départs massifs et absence de relève

« Depuis quelques années, nous observons un nouveau phénomène : des employé-es avec plus de dix ans d’expérience quittent le réseau collégial pour aller ailleurs, où les conditions de travail et la rémunération sont nettement plus intéressantes. Ces départs prématurés s’ajoutant aux nombreux départs à la retraite, la perte d’expertise est importante et ça affecte la qualité des services. Ça fait longtemps qu’on dit qu’on va frapper un mur. Là, on y est », ajoute M. Pavoni. 

Les données recueillies au cours des derniers jours par le Secteur soutien cégeps de la FEESP-CSN sont inquiétantes. Des centaines de postes sont toujours à pourvoir aux quatre coins du Québec. Au Cégep du Vieux-Montréal, à trois jours du début de la session, il manque une douzaine d’employé-es de soutien, et ce dans plusieurs corps d’emploi. À Québec, au Cégep de Sainte-Foy, les chiffres sont tout aussi alarmants : une vingtaine de postes n’ont toujours pas trouvé preneur.

Le problème est aussi réel en région, comme en témoignent les données fournies par les syndicats du Cégep de l’Outaouais, du Cégep de Matane et du Cégep Sorel-Tracy qui révèlent des taux de postes vacants pouvant aller jusqu’à 10 % des effectifs.

Le recrutement des employé-es de soutien du réseau collégial est difficile à un point tel que plusieurs établissements font appel à des firmes externes pour mener le processus d’embauche. Et malgré tous les efforts déployés, les opérations de recrutement s’avèrent bien souvent infructueuses. Pour M. Pavoni, il est clair qu’il n’y a qu’une façon d’inverser la tendance : « Le gouvernement doit reconnaître que le personnel de soutien des cégeps participe grandement à créer un environnement favorable aux apprentissages pour les étudiantes et les étudiants et cette reconnaissance doit se traduire concrètement par des conditions de travail décentes et de meilleurs salaires. »

Fini le temps des sacrifices

La FEESP-CSN, qui représente la grande majorité des employé-es de soutien du réseau collégial, considère que la situation actuelle met la table pour la négociation qui débute sous peu. « On le voit bien avec tous ces postes qui demeurent vacants, le secteur public n’est plus attractif », dénonce Frédéric Brun, 2e vice-président de la FEESP-CSN.

Pour le personnel de soutien des cégeps, la situation est déjà difficile depuis plusieurs années, car les problèmes sont nombreux, notamment la surcharge de travail, la précarité et l’augmentation de la sous-traitance. « La pandémie est venue aggraver ces problèmes, en plus d’accroître la pénibilité du travail. Maintenant, il faut remédier à la situation et, pour y arriver, les solutions sont connues depuis longtemps : mettre les ressources nécessaires pour améliorer significativement les conditions de travail et la rémunération. C’est ce qui permettra de retenir les travailleuses et travailleurs expérimentés et d’attirer la relève », conclut Frédéric Brun.