Il est inconcevable qu’un tel projet de réforme des structures de gouvernance de notre système d’éducation soit imposé par le gouvernement en coupant court au processus démocratique d’adoption des lois.
Des centaines de syndiqué-es de la CSN ont manifesté aujourd’hui à Montréal pour exhorter le gouvernement du Québec à laisser le processus démocratique suivre son cours et à abandonner l’idée d’un bâillon qui mettrait un terme aux travaux parlementaires traitant du projet de loi 40 sur la gouvernance scolaire. Pour la centrale syndicale, il est inconcevable qu’un tel projet de réforme des structures de gouvernance de notre système d’éducation soit imposé par le gouvernement en coupant court au processus démocratique d’adoption des lois.
« Tout juste avant de recourir au bâillon, le gouvernement déposait lui-même 82 amendements! Ces modifications au projet de loi ne seront jamais étudiées par les parlementaires. Le gouvernement devrait avoir appris qu’il ne gagne rien à agir dans la précipitation. Il n’y a aucune urgence. Le risque est maintenant très élevé de se retrouver avec un projet de loi mal ficelé. Nous craignons que ce soit les employé-es, les élèves ainsi que leur famille qui en payent le prix », a déclaré Véronique De Sève, vice-présidente de la CSN.
« Le ministre parle souvent de consulter ceux et celles qui connaissent les enfants par leur nom. C’est le cas de nos membres, le personnel de soutien solaire, qui travaillent dans plus de 1600 écoles du Québec tous les jours. L’adoption de ce projet de loi sous bâillon va ajouter l’insulte à l’injure après son dépôt sans aucune consultation large », soutient Annie Charland, présidente du secteur scolaire de la Fédération des employées et des employés de services publics (FEESP-CSN).
Centralisation
Le projet de loi 40 prévoit que le ministre de l’Éducation peut imposer des regroupements de service avec d’autres organisations, notamment avec le secteur privé ou entre les différents centres de services scolaires. Il pourra également imposer des fusions de territoires.
« Est-ce que différents services comme la paye ou les approvisionnements seront centralisés dans les grandes villes ou même à Québec », s’inquiète Stéphanie Gratton, vice-présidente de la FEESP-CSN. Si oui, cette centralisation des services ne pourrait que dévitaliser les régions et les priver d’expertise locale sans y gagner en termes d’efficacité. Elle rappelle qu’en ce qui concerne les fusions de territoires, le personnel de soutien en a amplement fait les frais en 1998 sans qu’il y ait amélioration des services aux élèves. Bref, ces mesures augmenteraient les disparités régionales.
La voix de Montréal assourdie
« À Montréal, comme dans toutes les régions, sans une légitimité démocratique auprès de l’ensemble de la population, comment sera-t-il possible de remettre en question les décisions prises dans les centres de services ou par le ministère ? Les futurs élu-es scolaires n’auront ni la liberté ni les moyens de le faire, ce qui sera une perte importante du point de vue démocratique. Il sera nettement plus difficile d’intervenir pour faire valoir les enjeux spécifiques à la région métropolitaine », souligne Bertrand Guibord, secrétaire général du Conseil central du Montréal métropolitain (CCMM-CSN).
Vaste consultation nécessaire
« Pour apporter une vraie solution à la crise actuelle et pour répondre aux besoins criants dans le réseau scolaire, nous réitérons notre demande de surseoir à ce projet de loi et de mettre à contribution tous les groupes concernés sur les enjeux en éducation », conclut Véronique De Sève, vice-présidente de la CSN.