Le fruit ne tombe jamais bien loin de l’arbre, dit l’adage. Avec une famille entière qui traîne ses histoires d’implication syndicale – un père au Canadien National, une mère dans les CHSLD, oncles et tantes dans les cégeps, les soins à domicile ou encore dans les hôpitaux, pas surprenant d’apprendre que Simon Mathieu Malenfant, nouveau vice-président trésorier de la fédération, compte déjà près de 20 ans de militantisme.
« Je me suis toujours battu pour la justice, pour l’équité. Depuis que je suis jeune, je me suis toujours porté à la défense des victimes d’injustice », affirme-t-il en entrevue.
Salarié de la SAQ, c’est en constatant à quel point l’employeur tournait les coins ronds lors de la confection des horaires que Simon Mathieu a décidé de s’impliquer au sein du Syndicat des employés de magasins et de bureaux de la SAQ (SEMB-SAQ) au début des années 2000. Tous les jeudis, il était libéré afin de participer à l’élaboration des horaires pour l’ensemble du Québec.
« Il fallait surveiller les boss, explique-t-il. Il y avait trop d’erreurs dans les affectations des salarié-es à temps partiel. Avant l’informatisation des horaires, tout était fait à la mitaine, des boss lisaient mal les disponibilités des gens, voulaient faire les horaires en vitesse ou encore voulaient privilégier leurs chums… Je voulais m’assurer que les droits de tout le monde étaient respectés. »
À la fin de l’année 2004, Simon Mathieu traverse avec ses collègues un long conflit de travail. Trois mois de grève, en plein hiver, pour contrer les reculs exigés par la direction, pour augmenter le nombre de postes réguliers au sein de la société d’État et pour diminuer la précarité des salarié-es à temps partiel.
N’est-ce pas plutôt la grève de 2018 qu’il évoque? « Non, non. La précarité d’emploi, ça a toujours été notre lutte à la SAQ. Ça ne date pas d’hier! »
« Les demandes de recul de la SAQ étaient immenses. Si on ne s’était pas battu à l’époque, on aurait tout perdu. Les gens étaient restés très solidaires, malgré le froid, malgré la période des fêtes », se rappelle-t-il.
C’est au terme de cette longue grève que les membres du SEMB-SAQ ont pris la décision de revenir à la CSN après quelques années d’indépendance. « On a vu tout de suite la différence, ça a changé la façon d’organiser nos combats. On est un syndicat national, c’est difficile d’organiser des moyens de pression et de maintenir une vie syndicale quand on est juste un comité exécutif basé à Montréal. Avec la CSN, on a l’appui des conseils centraux à la grandeur du Québec, nos membres voient qu’on est beaucoup mieux organisé et ça a amené notre monde à s’impliquer davantage au sein de leur syndicat. »
Les relations de travail, Simon Mathieu en connait un bon bout. Il en était responsable au sein du comité exécutif du SEMB-SAQ de façon presque ininterrompue depuis 2008.
« À la SAQ, c’est jusqu’à 1500 griefs par année, près de 700 mesures disciplinaires – parfois juste pour une chemise fripée – et une bonne cinquantaine de journées d’arbitrage. »
Lorsqu’on le questionne sur les raisons d’une telle ampleur, Simon Mathieu n’y va pas par quatre chemins : « Notre employeur a pris l’habitude de nous rencontrer, de nous sortir une clause de convention et de nous dire “cette clause, on ne l’appliquera plus, voici les nouveaux textes qu’on va appliquer”. Alors oui, on se mobilise sur ces enjeux, mais on conteste aussi juridiquement – et on gagne la plupart du temps », indique-t-il, sourire en coin.
C’est fort de cette expérience à la SAQ que Simon Mathieu, qui a aussi assumé les fonctions de représentant à la prévention dans son syndicat, entend appuyer les luttes menées par l’ensemble des membres de la fédération. On le sent tout de même très fébrile. « C’est sûr que je pars d’une chaise où je connaissais tout, pour en occuper une autre, où j’en connais beaucoup moins! C’est nouveau, ce sera tout un défi, mais j’ai très envie d’en apprendre plus auprès des syndicats de la fédération. »