Pelouse atteignant un mètre de haut, tuyaux d’arrosage à sec, marmottes déterrant des ossements et des urnes, pour la fête des Pères, c’est tout ce qu’offre la Fabrique Notre-Dame aux proches qui espèrent trouver du réconfort sur la montagne.
« La fabrique facture des milliers de dollars aux familles endeuillées pour entretenir ce lieu de recueillement unique. Mais, elle ne respecte plus sa part du contrat avec ces familles qui se plaignent de plus en plus », confirme Patrick Chartrand, vice-président du Syndicat des travailleuses et des travailleurs du Cimetière Notre-Dame-des-Neiges–CSN.
Tous les jours, les travailleuses et les travailleurs affectés à l’entretien du site encaissent les commentaires acerbes de personnes insatisfaites du peu d’égards pour la mémoire des disparus. Navrés, celles et ceux dans les bureaux qui répondent aux nombreuses plaintes ne cessent de s’excuser parce que l’accessibilité à l’eau pour arroser les fleurs est fortement réduite. « Pour plusieurs personnes âgées ou à mobilité réduite, c’est impossible de marcher de longues distances afin de transporter un peu d’eau. Mais, la fabrique choisit de ne pas restaurer le réseau d’aqueduc pour économiser », déplore Éric Dufault, président du Syndicat des employées et employés de bureau du Cimetière Notre-Dame-des-Neiges–CSN.
Supprimer des postes et des services
La fabrique, qui aime étaler ses problèmes financiers publiquement, révèle plutôt son avarice avec la bénédiction d’avocats et d’experts en ressources humaines coûteux, réputés pour « casser » les syndicats. En fauchant son personnel comme des conseillères et des conseillers en préarrangements funéraires ou des employé-es qui émettent les autorisations pour restaurer les stèles, par exemple, la fabrique se prive de sources de revenus importants. Depuis un an, 23 % du personnel aux opérations et à l’entretien a été coupé de même que 24 % du personnel de bureau.
« En supprimant des postes, l’employeur choisit de couper des services, couper l’eau… et d’arrêter de couper le gazon. Il n’y a rien d’écologique dans cette décision. C’est purement mercantile et contraire à une relance saine », déduit Nathalie Arguin, présidente de la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP–CSN).
C’est sans compter l’intimidation et les méthodes cavalières en milieu de travail qui pointent vers une stratégie mesquine d’affaiblissement des syndicats.
« Pour une question de respect, les monuments funéraires méritent mieux que le traitement économe qu’on leur voue et qui désole les travailleuses et les travailleurs, alors que ce site est pourtant un joyau pour la grande région de Montréal », rappelle Chantal Ide, vice-présidente du Conseil central du Montréal métropolitain (CCMM–CSN).
Appuyés par le Syndicat des travailleuses et travailleurs de la Fabrique Notre-Dame-des-Neiges–CSN qui négocie avec le même employeur à la basilique Notre-Dame, les syndiqué-es réunis devant le cimetière, en cette journée de la fête des Pères, demandent à la partie patronale de faire preuve de bonne foi en négociant sérieusement, pour le bien des familles des disparu-es.
Nos principales demandes à l’employeur :
- Réintégrer le personnel mis à pied ;
- Faire preuve de bonne foi pour entreprendre une vraie négociation ouverte et honnête avec ses travailleuses et ses travailleurs ;
- Ouvrir ses livres pour une évaluation indépendante de sa situation financière et qu’il associe les travailleuses et les travailleurs à la recherche de solutions.
Les faits:
- Sans contrat de travail depuis décembre 2018, le Syndicat des travailleuses et des travailleurs du Cimetière Notre-Dame-des-Neiges–CSN rassemble 115 membres, 26 postes ont été coupés ;
- Le Syndicat des employées et employés de bureau du Cimetière Notre-Dame-des-Neiges–CSN compte 21 membres dont 5 ne travaillent pas.