Les agents correctionnels marquent la reprise des négociations avec un coup d’éclat

Les agents des services correctionnels du Québec ont déployé une immense bannière sur l’édifice abritant les bureaux du Conseil du trésor à Montréal vendredi matin, afin d’accentuer la pression sur le gouvernement au moment où reprenaient les négociations entre les parties syndicale et patronale.

« Nous espérons que le Trésor nous démontrera finalement qu’il comprend toute l’étendue des problèmes d’attraction et de rétention de main-d’œuvre qui minent les services correctionnels », affirme Mathieu Lavoie, président du Syndicat des agents de la paix en services correctionnels du Québec (SAPSCQ–CSN). « Les agentes et agents des services correctionnels sont des travailleurs essentiels qui exercent un métier difficile et dangereux. Ils méritent plus de reconnaissance de la part du gouvernement. »

Le Conseil du trésor a invité les porte-paroles syndicaux à revenir à la table de négociation cette semaine, après que ceux-ci aient mis fin aux négociations en décembre parce qu’ils jugeaient les offres salariales du gouvernement largement insuffisantes.

« Parce qu’ils travaillent dans l’ombre, les agents correctionnels figurent parmi les oubliés de la pandémie de COVID-19, explique Stéphanie Gratton, vice-présidente de la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP–CSN). L’exercice de leur travail, déjà excessivement stressant et dangereux, l’est devenu encore plus avec le coronavirus qui continue de faire des ravages dans les établissements de détention. »

D’ailleurs, selon un sondage commandé à la firme Léger par le SAPSCQ–CSN, moins du quart des Québécoises et des Québécois affirment qu’ils accepteraient de travailler comme agente ou agent de services correctionnels, ce qui explique en partie les difficultés de recrutement.

« Le coup d’éclat d’aujourd’hui démontre que les agents en ont vraiment ras le bol, tonne Dominique Daigneault, présidente du Conseil central du Montréal Métropolitain (CCMM–CSN). Leur convention collective est échue depuis bientôt deux ans ; il est temps que le gouvernement prenne ses responsabilités et leur témoigne la reconnaissance qu’ils méritent. »

En novembre dernier, les membres du syndicat ont d’ailleurs voté à 97 % en faveur d’un mandat de moyens de pression lourds afin de faire monter la pression au moment jugé opportun.

Vote de grève au Palais des congrès

Réunis hier en assemblée générale, les travailleuses et les travailleurs du Palais des congrès ont voté la grève, par scrutin secret.

Les 159 membres du Syndicat des préposé-e-s aux événements du Palais du Congrès (CSN) et du Syndicat des employé(e)s de la Société du Palais des Congrès de Montréal (CSN) demandent les mêmes paramètres de rémunération que ceux négociés par la CSN dans le secteur public en 2021.

Sans convention collective depuis le 31 mars 2020, les syndicats s’expliquent mal le refus de l’employeur de reconduire pour trois ans la clause dite remorque qui fixe la rémunération du personnel du Palais des congrès en relation avec la politique salariale du gouvernement, et ce, depuis très longtemps. Le Palais des congrès est un organisme public relevant du gouvernement du Québec.

« C’est déplorable qu’on en soit rendu-là, explique le président des deux unités d’accréditation Daniel Potvin. Nous avons tendu la main à quelques reprises pour qu’on mette cette négociation derrière nous dans le contexte de la crise et l’employeur a refusé de renouveler la convention sur la même durée que le secteur public, même au statu quo. Alors que la reprise se pointe, le Palais des congrès voudrait que tout revienne à la normale même si l’on n’a toujours pas de contrat de travail. Il n’en est pas question. Nous voulons être respectés ».

Soulignons que les activités reprennent ces jours-ci au Palais des congrès. Le Salon national de l’habitation se tiendra du 10 au 13 mars. Une grève des salarié-es aurait un impact majeur pour la Palais des congrès, car ce sont eux qui veillent à la planification des salles, à l’organisation des événements, de même qu’à l’accueil des congressistes et au bon déroulement des activités qui s’y tiennent.

« Les travailleuses et les travailleurs du Palais des congrès portent une demande somme toute bien raisonnable, poursuit la vice-présidente de la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP–CSN), Stéphanie Gratton. C’est inconcevable que l’employeur laisse ainsi traîner cette négociation. Le Palais des congrès veut-il vraiment pousser à bout les salarié-es en conflit de travail en ne leur octroyant pas les mêmes conditions obtenues dans le secteur public, ce qui inclut les salaires et la durée de la convention collective ? C’est un non-sens ! »

« Il faut souhaiter que le Palais des congrès entende raison rapidement, enchaîne la présidente du Conseil central du Montréal métropolitain (CCMM–CSN), Dominique Daigneault. C’est tout un message que lui envoient ses employé-es aujourd’hui. Après deux années difficiles pour eux, ils sont prêts à retarder la reprise des activités normales pour être respectés. Nous saluons leur détermination ».

Projet de règlement des services de garde en milieu scolaire : un encadrement insuffisant

En matière d’encadrement des services de garde en milieu scolaire, le projet de règlement déposé aujourd’hui par le ministre de l’Éducation ne va pas assez loin, déplorent les syndicats du secteur scolaire de la Fédération des employé-es de services publics (FEESP–CSN).

Les mesures qui y sont contenues ne permettront pas de garantir le respect des ratios éducatrice/élève, encore moins de l’abaisser, ni d’empêcher le détournement des frais admissibles aux parents.

« Dans un trop grand nombre d’écoles, le ratio une éducatrice pour 20 élèves est régulièrement dépassé. Or, la seule mesure concrète proposée aujourd’hui se limite à interdire d’inclure nos collègues concierges et secrétaires, ou encore le directeur de l’école, du calcul de ce ratio, s’étonne Annie Charland, présidente du secteur scolaire de la FEESP–CSN. Nous demandions un abaissement de ce ratio, nous voulions également des ratios particuliers pour les groupes d’élèves de 4 et 5 ans qui se retrouvent trop souvent dans des groupes de 25 élèves et plus… Malheureusement, rien de concret à cet égard. »

Depuis plusieurs années, les syndicats du secteur scolaire déplorent que les frais de services de garde admissibles aux parents soient détournés de leur mission première afin pallier le sous-financement des écoles. « Il n’est pas normal que les frais de 8,55 $ par jour chargés aux parents soient utilisés pour financer le matériel scolaire, l’achat d’équipement ou l’entretien des bâtiments, rappelle Annie Charland. Le projet de règlement fait un pas dans la bonne direction en limitant la capacité des conseils d’établissement à faire des surplus, car c’est grâce à ces surplus que d’autres activités de l’école sont ainsi financées. Cependant, le projet de règlement n’empêchera pas cette forme de détournement des cotisations payées par les utilisateurs des services de garde, ce qui nuit grandement au renforcement des services de garde à remplir leur mission première. »

La représentante syndicale rappelle qu’il y a 15 ans, le Conseil supérieur de l’éducation et le vérificateur général du Québec faisaient déjà la démonstration de plusieurs points défaillants dans la gestion et le développement des services de garde en milieu scolaire. Depuis, les différents gouvernements qui se sont succédé ont laissé aller les choses.

« La pandémie a montré comment les services de garde en milieu scolaire sont essentiels pour la conciliation travail-famille des parents, mentionne Annie Charland. Aujourd’hui, plus de la moitié des enfants du Québec fréquentent un tel service, une large proportion y passant quatre heures par jour. Malheureusement, le projet de règlement déposé aujourd’hui ne semble pas être accompagné d’une réflexion globale sur le rôle des services de garde en milieu scolaire ni d’une volonté de valoriser l’emploi pour répondre au défi de pénurie de main-d’œuvre que nous vivons présentement. »

Le secteur scolaire de la FEESP–CSN représente plus de 35 000 employé-es de soutien des centres de services et commissions scolaires du Québec. Fondée en 1921, la CSN regroupe 300 000 travailleuses et travailleurs des secteurs public et parapublic, et ce, dans l’ensemble des régions du Québec.

« Nous avez-vous vus? », le travail de chauffeurs d’autobus… vu par les chauffeurs d’autobus

Les membres du Syndicat du transport scolaire du Saguenay – CSN, du Syndicat des travailleuses et des travailleurs du transport scolaire Lac-Saint-Jean-Est – CSN et du Syndicat national du transport écolier du Saguenay – Lac-Saint-Jean – CSN s’unissent pour faire part des préoccupations de leurs membres dans le contexte de la campagne « M’as-tu vu? » de la Fédération des transporteurs par autobus.

« Cette année encore, la campagne met l’accent sur les importantes responsabilités qui pèsent sur les épaules des chauffeurs d’autobus avec une thématique accrocheuse « Un autobus, un conducteur ou une conductrice, un transport sécuritaire ». Bien qu’en accord avec les grands principes de cette semaine de sensibilisation, c’est dans le concret de notre travail que la situation s’avère différente, parfois en sentant un manque d’appui des instances politiques et décisionnelles tant au niveau scolaire que provincial. » explique Jean-Denis Simard, porte-parole du syndicat national du transport écolier du Saguenay-Lac-Saint-Jean – CSN.

« Nous avons demandé à nos membres de répondre à un court questionnaire pour savoir comment ils allaient, comment ça allait dans les autobus. Malheureusement, à la lumière des réponses obtenues, on constate que plusieurs de nos chauffeurs vivent avec une pression insoutenable psychologiquement. Certaines situations nous affectent beaucoup et nous nous sentons souvent seuls pour y faire face. Heureusement, nous sommes une équipe soudée et nous nous soutenons entre nous. Nous aimerions le même soutien de la part des centres de services scolaires et du gouvernement. Nous aimerions que les messages et les consignes soient cohérents et donnés dans le respect », explique Serge Létourneau, porte-parole pour le Syndicat du transport scolaire du Saguenay – CSN.

Ajoutons à cela toutes les mesures sanitaires qui ont dû être ajoutées à la charge déjà grande des chauffeurs au cours des derniers mois, suite à la pandémie de Covid-19, sans que ceux-ci ne soient reconnus au même titre que les autres spécialités dans le milieu scolaire.

« On nous demande la même vigilance que pour les autres emplois du secteur scolaire, mais, malheureusement, nous n’avons pas les mêmes règlent qui s’appliquent. Nous ne sommes malheureusement pas reconnus comme les autres. À force de faire des représentations, l’Association des transporteurs et le Secteur transport scolaire-CSN ont réussi à obtenir une prime de rétention et attraction de 2 000$. C’est un bon début, mais ce n’est pas suffisant! De plus, les documents à remplir pour y accéder sont complexes. Il faut absolument qu’on s’assure que ce soit plus accessible, plus facile et surtout, que le montant soit plus élevé. L’avenir du métier en dépend! Finalement, il faudrait bien que, lorsqu’ on nous octroie une prime, on la paie dans les temps prévus! », déclare Jean-Sébastien Allard, président du Syndicat des travailleuses et des travailleurs du transport scolaire Lac-Saint-Jean-Est – CSN.

La campagne « M’as-tu vu? » fait état des nombreuses responsabilités des chauffeurs d’autobus de même que des qualités essentielles pour être un bon chauffeur. On y retrouve, entre autres, l’amour des enfants et l’implication dans sa communauté.

« Les chauffeurs d’autobus, ce sont les professionnels du transport scolaire. Ce sont eux qui en détiennent l’expertise. C’est précieux. Il faut tout mettre en œuvre pour garder cette expertise dans le réseau de l’éducation. Des menaces continuent de peser sur eux quand on parle de donner des contrats de transport scolaire aux sociétés de transport en commun, mais il faut penser à nos enfants. Il faut leur assurer un transport sécuritaire et encadré vers leurs établissements scolaires. Seuls les chauffeurs d’autobus scolaires peuvent leur assurer un tel service », renchérit Manon Tremblay, présidente du Conseil central du Saguenay – Lac‑Saint‑Jean – CSN.

C’est là toute l’importance de leur assurer un respect et un bon soutien pour que certains ne soient pas tentés de changer de vocation professionnelle.

Une importante majoration des salaires s’impose

Outre les conditions de travail exigeantes en contexte de pandémie, le salaire des conductrices et conducteurs de véhicules scolaires demeure un enjeu majeur auquel il faut remédier impérativement si on souhaite s’attaquer au grave problème de pénurie de main-d’œuvre qui sévit depuis des mois dans le transport scolaire.

« Pour nous, c’est très clair que même avec la prime actuellement offerte par le ministère de l’Éducation pour retenir et attirer de nouveaux chauffeurs, on n’arrivera pas à régler le problème de fond qui demeure le niveau insuffisant des salaires. Ce qu’il faut, c’est une nette majoration des salaires des conductrices et conducteurs, et ce, dès maintenant à la grandeur du Québec », a soutenu Josée Dubé, présidente du Secteur transport scolaire de la FEESP–CSN et présidente du Syndicat des travailleurs des Autobus Gil-Ber–CSN.