Un important retard de rémunération qui perdure pour le personnel du secteur public

Avec des surplus budgétaires historiques en poche, le gouvernement doit profiter de la négociation 2020 pour revaloriser les emplois du secteur public.

La CSN, qui représente plus de 150 000 travailleuses et travailleurs des réseaux de l’éducation et de la santé et des services sociaux ainsi que des organismes gouvernementaux, est exaspérée de constater que le travail dans le secteur public n’est toujours pas reconnu à sa juste valeur, une situation qui perdure depuis de nombreuses années. La centrale syndicale est très préoccupée par les données du rapport 2019 de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ). Les résultats de l’enquête annuelle publiée ce matin révèlent que la rémunération globale des employé-es de l’État – qui inclut le salaire, le régime de retraite et les autres avantages sociaux – accuse un retard de 6,2 % par rapport à l’ensemble des salariés québécois.

« Nous ne sommes malheureusement pas surpris, mais nous sommes inquiets. Avec des conditions de travail qui se sont gravement détériorées au cours des dernières années, les chiffres qui nous sont dévoilés aujourd’hui, à savoir que le retard de rémunération perdure et que celles et ceux qui travaillent dans les services publics ont des salaires de 13,2 % inférieurs aux autres salarié-es du Québec, n’ont rien pour nous rassurer. Si rien n’est fait pour remédier à la situation, la crise dans les réseaux publics continuera de s’aggraver », affirme Caroline Senneville, vice-présidente de la CSN.

Les données du rapport de l’ISQ confirment qu’un important redressement s’impose pour que les emplois dans les réseaux publics redeviennent attractifs. Dans le contexte actuel de rareté de la main-d’œuvre au Québec, la CSN considère que le retard de rémunération des travailleuses et des travailleurs des services publics est particulièrement préoccupant. « On manque déjà de monde dans tous les secteurs, alors que les besoins de la population augmentent. Ce manque de personnel dans les établissements se traduit plus souvent qu’autrement par une surcharge de travail pour celles et ceux qui sont toujours en poste. Ces travailleuses et ces travailleurs ne suffisent plus à la tâche et, trop souvent, ils en tombent malades, ce qui accentue d’autant plus le manque de personnel. C’est un cercle vicieux qu’il faut absolument briser », ajoute Mme Senneville.

La CSN rappelle qu’elle a déposé, le 30 octobre dernier, ses revendications en vue de la prochaine négociation du secteur public. « Avec le rapport qui nous est livré aujourd’hui, nous constatons que notre évaluation des besoins est juste. Une augmentation de 3 $ l’heure la première année permettrait de donner un premier coup de barre nécessaire afin que le secteur public ne soit plus à la traîne des secteurs d’emploi au Québec. »

Après avoir entendu le premier ministre Legault s’exprimer sur ses éventuelles offres aux employé-es de l’État, la CSN dit maintenant espérer que le gouvernement prenne en considération les dernières données de l’ISQ. « M. Legault a lancé à quelques reprises que les augmentations de salaire de celles et ceux qui se dévouent au quotidien pour offrir les services à la population devraient se limiter à l’inflation. Nous avons la confirmation aujourd’hui que ce n’est pas suffisant. Avec des surplus budgétaires historiques en poche, le gouvernement doit profiter de la négociation 2020 pour revaloriser les emplois du secteur public. C’est seulement de cette façon que nous pourrons nous assurer d’être en mesure d’offrir aux Québécoises et aux Québécois les services auxquels ils ont droit », conclut Caroline Senneville.

Pour information
Katerine Desgroseilliers
Communications – Secteur public CSN
katerine.desgroseilliers@csn.qc.ca
Cell. 514 265-4250

Le premier ministre ne peut pas décentraliser les conditions de travail dans les écoles

« On ne peut pas sérieusement penser décentraliser les conditions de travail dans les écoles. Ce serait ingérable et cela créerait des iniquités au sein d’une même région », Jacques Létourneau

Questionné ce matin par l’opposition officielle, le premier ministre François Legault a déclaré que le projet de loi 40 permettrait « plus de latitude pour les conditions de travail des employé-es dans les écoles » en raison de la « décentralisation » qui y est prévue.

« On ne peut pas sérieusement penser décentraliser les conditions de travail dans les écoles. Ce serait ingérable et cela créerait des iniquités au sein d’une même région », rétorque Jacques Létourneau, président de la CSN, qui était d’ailleurs directement cité dans la question du chef de l’opposition officielle, Pierre Arcand.

 Dans le reste de sa réponse, François Legault a reproché à M. Arcand de soutenir les syndicats, alors que le gouvernement, lui, « va supporter les enfants ».

« Les demandes syndicales ne sont pas en opposition par rapport aux besoins de la population. Pour bien soutenir les enfants, il faut que le personnel des écoles soit en nombre suffisant et que l’organisation du travail permette de consacrer suffisamment de temps à chaque enfant », fait valoir Jacques Létourneau. Ce dernier précise par ailleurs que les critiques de la CSN envers le projet de loi 40 ne se concentrent pas que sur les conditions de travail du personnel, mais également sur les risques liés aux regroupements de services, sur la centralisation de certains pouvoirs et sur l’accentuation prévisible d’un système scolaire à trois vitesses.

 Une réforme souhaitée

Il ne s’agit pas, pour la CSN, de défendre le statu quo. « La CSN souhaite une réforme du système scolaire, mais pas à la pièce et pas sans avoir consulté tous les acteurs du milieu et les meilleurs experts », soutient le président de la CSN, qui propose une vaste consultation sur le sujet, tout comme une dizaine d’organisations du milieu scolaire.

La CSN se réjouit par ailleurs de l’affirmation du premier ministre qui dit vouloir laisser l’étude du projet de loi suivre son cours en commission parlementaire. « Un tel projet de loi mérite une étude approfondie, car il y a un risque réel qu’on déstabilise le réseau pour des années à venir », conclut Jacques Létourneau. La CSN entend suivre de près l’étude du projet de loi.

L’égalité entre les hommes et les femmes ne peut plus attendre!

Au Québec, près de 25 ans après l’adoption de la Loi sur l’équité salariale, les femmes font encore l’objet d’une discrimination systémique fondée sur le sexe.

Sous le signe du rassemblement, plusieurs organisations syndicales et de la société civile ont joint leur voix dans le cadre du lancement d’une pétition en ligne sur le site Web de l’Assemblée nationale du Québec réclamant une révision de la Loi sur l’équité salariale. Parrainée par les députées de Sherbrooke (Christine Labrie) et de Gaspé (Méganne Perry Mélançon), la pétition vise à interpeller le gouvernement du Québec afin qu’il corrige les lacunes qui subsistent toujours en matière d’équité salariale malgré les lois en vigueur et les modifications législatives des dernières années. Parmi les revendications, la pétition réclame notamment de verser rétroactivement tous les ajustements salariaux qui sont dus à la date de l’événement discriminatoire.

« Au Québec, près de 25 ans après l’adoption de la Loi sur l’équité salariale, les femmes font encore l’objet d’une discrimination systémique fondée sur le sexe. Avant la mise en vigueur de la Loi en 1997, l’écart salarial horaire moyen était de 15,8 %. Aujourd’hui, il demeure encore au-dessus de la barre des 10 %. Cette situation est inadmissible. À ce rythme, devra-t-on attendre encore 40 ans avant que l’équité soit enfin devenue réalité? Le gouvernement doit rapidement corriger les inégalités qui subsistent. L’égalité entre les hommes et les femmes ne peut plus attendre! », ont mentionné les partenaires de l’opération.

Une campagne vidéo sur les réseaux sociaux
Le lancement de la pétition fut également l’occasion de dévoiler de courtes capsules vidéo qui abordent de front la question de l’équité salariale. Elles mettent en vedette Marie Turgeon, Sophie Prégent et Louise Richer. Diffusées sur les réseaux sociaux des organisations partenaires prenant part à l’opération, ces capsules invitent les citoyens à signer la pétition afin que le gouvernement du Québec corrige les inégalités salariales qui subsistent.

Les différentes organisations qui participent à la diffusion de la pétition sont les suivantes :

  • Centrale des syndicats du Québec
  • Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec
  • Confédération des syndicats nationaux
  • Centrale des syndicats démocratiques
  • Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux
  • Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec
  • Syndicat des professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec
  • Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec
  • Fédération des femmes du Québec
  • Pour les droits des femmes du Québec
  • Comité jeunes féministes du YWCA
  • Conseil d’intervention et d’action pour les femmes au travail
  • Réseau des tables des femmes
  • Femmes, politique et démocratie
  • Réseau québécois d’action pour la santé des femmes

Les acteurs du réseau public d’éducation demandent au ministre Roberge de surseoir à l’adoption du projet de loi 40

« Le projet de loi no 40 ouvre la porte à toutes sortes de regroupements de services par des partenariats, notamment avec le secteur privé. Ça risque de désorganiser le secteur scolaire et de créer d’importantes disparités entre les régions”, Jacques Létourneau.

Plus d’une dizaine de groupes d’acteurs du monde de l’éducation ont demandé aujourd’hui au ministre Jean-François Roberge de surseoir à l’adoption du projet de loi n40 et d’inviter la population du Québec à une large réflexion sur l’avenir de l’école publique.

Citations

« Le projet de loi n40 propose un modèle de gouvernance qui est complexe, déroutant, compliqué et difficile à mettre en oeuvre. De plus, il limite les droits constitutionnels de la minorité linguistique anglophone de contrôler et gérer notre système scolaire. », Dan Lamoureux, président de l’Association des commissions scolaires anglophones du Québec

« Le projet de loi n40 et son éventuelle adoption sous bâillon montrent encore une fois le déficit démocratique dans les décisions du gouvernement visant l’éducation. On constate son habitude de prendre des décisions sans consulter la population ni obtenir un consensus social. Nous ne pouvons plus laisser les pouvoirs politiques et administratifs décider seuls de l’avenir de notre société. À nous d’occuper l’espace décisionnel qui nous revient ! », Suzanne-G. Chartrand, porte-parole du collectif Debout pour l’école!

« Le projet de loi n40 dévalorise la profession enseignante et nie l’expertise des profs. Vous devez le retirer Monsieur le Ministre. », Nathalie Morel, vice-présidente à la vie professionnelle, Fédération autonome de l’enseignement (FAE)

« Le projet de loi n40 est un mirage. Il y a une perte réelle d’influence des parents et de leur participation dans l’organisation. », Marc Étienne Deslauriers, président du Comité de parents de la CSDM

« Une adoption sous bâillon signifierait une imposition autoritaire de ce rouleau compresseur législatif, organisationnel et anti-démocratique. Le milieu de l’éducation a besoin d’amour, de mobilisation et de large adhésion, pas d’une nouvelle démonstration de force et de chamboulements précipités.» Je protège mon école publique

« Le projet de loi n40 ouvre la porte à toutes sortes de regroupements de services par des partenariats, notamment avec le secteur privé. Ça risque de désorganiser le secteur scolaire et de créer d’importantes disparités entre les régions. Ce sont des changements majeurs, et cela impose qu’on prenne le temps de bien analyser les conséquences sur la qualité des services de même que sur les emplois, en particulier pour le personnel de soutien scolaire. », Jacques Létourneau, président de la CSN

« Nous croyons que la lutte à la ségrégation scolaire devrait être l’enjeu principal du gouvernement du Québec. Est-ce que l’important projet de loi n40 est utile à ce combat? Non. Est-ce qu’au contraire, le projet de loi n40 pourrait amplifier l’iniquité de notre système scolaire? C’est très probable.» Mouvement L’école ensemble

« Tout ce brassage de structures s’apparente à la dernière réforme du réseau de la santé qui est un véritable désastre. Le projet de loi n40 ne répond à aucune des urgences ni à aucun des besoins réels et criants auxquels le réseau scolaire est actuellement confronté. » Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ)

« Le projet de loi 40 ne respecte ni la charte canadienne, ni la charte québécoise, ni le principe constitutionnel qu’il ne peut y avoir de taxation sans représentation. », Daniel Turp, Professeur titulaire à la Faculté de droit de l’Université de Montréal

« Ce projet de loi constitue un danger d’inégalités à plusieurs égards et ne répond aucunement aux enjeux actuels en éducation. Plutôt que d’imposer une nouvelle réforme à la pièce et sans vision, le ministre Roberge devrait tendre l’oreille à celles et ceux qui font l’école : le personnel enseignant, le personnel de soutien et le personnel professionnel. », Line Camerlain, première vice-présidente de la CSQ

« Notre système de gouvernance scolaire n’a pas besoin de changements si radicaux, nous demandons le retrait du projet de loi n40. » Association des administrateurs des écoles anglophones du Québec

« La FQAFÉ est d’avis que c’est trop demandé aux parents que de participer à des comités et à des activités qui concernent directement leurs enfants dans leur école locale, ainsi que de songer à des conseils d’établissement et aux conseils d’administration des centres de services proposés. », Carol Meindl, directrice générale, Quebec federation home & school association

« Aucun brassage de structures n’a apporté les économies et l’efficacité promises. Notre école publique mérite une vraie réflexion, avec tous les partenaires. Rien dans le projet de loi n40 n’améliore la réussite et la persévérance scolaires. », Alain Fortier, président de la Fédération des commissions scolaires du Québec.

Pour tous ces enjeux touchant l’équité de notre école publique, la reconnaissance du personnel de l’éducation, la démocratie, les coûts, la représentativité, l’autonomie des régions, nous demandons au ministre de l’Éducation de ne pas déstabiliser le réseau. Prenons le temps de réfléchir ensemble à notre système d’éducation, pour la réussite des élèves.

Pénurie d’autobus à la STM : précisions du syndicat

Les travailleuses et les travailleurs du Syndicat du transport de Montréal (STM-CSN) tiennent à préciser qu’il y avait bel et bien 577 autobus en attente de réparation aujourd’hui et que ce chiffre a atteint 606 la semaine dernière, soit l’équivalent de 200 heures de coupures de service ce jour-là sur des lignes en particulier.

La STM n’a pas besoin de sa flotte complète pour assurer le service normal, mais il manquait tout de même 154 autobus ce matin pour atteindre ce seuil minimum de 1425 véhicules requis pour assurer un service complet sur l’ensemble des lignes d’autobus. Une gestion plus prudente devrait toutefois prévoir au moins quelques dizaines d’autobus de plus que ce seuil minimum pour parer aux imprévus mécaniques ou en cas de climat difficile. Il manque donc plus de 154 autobus pour se retrouver dans une situation plus confortable qui n’engendrait pas de coupure d’heures de service.

« Notre prise de position d’hier ne visait aucunement à nuire à la STM, mais bien à informer la population d’une crise qui affecte la fréquence des autobus et cause des retards et des désagréments lorsque les autobus en service sont davantage bondés », a précisé Gleason Frenette, président du STM-CSN, qui rappelle que 2484 travailleuses et travailleurs comptent sur la STM pour subvenir aux besoins de leurs familles.

Le STM-CSN se réjouit par ailleurs de l’agrandissement prévu des garages et de l’ajout de nouveaux autobus qui ont été annoncés pour les mois à venir. « Il faut toutefois corriger certains problèmes, dont le système informatique et la fiabilité des autobus, si on veut que tout roule bien à l’avenir », ajoute Gleason Frenette.

Renseignements: Thierry Larivière, 514-966-4380, thierry.lariviere@csn.qc.ca