Les négociations piétinent, faute de mandats du Conseil du trésor

Devant l’impasse qui perdure à la table de négociation, les travailleuses et les travailleurs de la traverse Québec–Lévis ont déclenché tôt ce matin une grève de quatre jours, rejoignant ainsi leurs collègues des traverses Sorel-Tracy–Saint-Ignace-de-Loyola et Matane–Baie-Comeau–Godbout.

En conférence de presse ce matin, les travailleuses et les travailleurs des traversiers affiliés à la CSN ont expliqué que la séance de négociation tenue hier avec la Société des traversiers du Québec (STQ) n’a pas permis d’en arriver à une entente, ce qui aurait mis fin aux journées de grève. « Il est clair que si on souhaite que la négociation sorte de l’impasse, le Conseil du trésor devra donner des mandats à la Société des traversiers du Québec afin de permettre de réduire l’écart avec les travailleurs brevetés » affirme Patrick St-Laurent, co-porte-parole du Regroupement des traversiers CSN. Alors qu’il ne reste que des enjeux à incidence monétaire à régler, la négociation, qui dure depuis novembre 2019, devra se poursuivre.

« S’assurer d’accorder une attention particulière aux bas salarié-es des secteurs public et parapublic a été au cœur de la négociation avec le gouvernement jusqu’ici. Alors que cet objectif a été atteint pour l’ensemble des travailleuses et des travailleurs de réseaux de la santé et des services sociaux ainsi que de l’éducation, pourquoi refuse-t-on d’accorder ce même traitement aux employé-es des traverses? » questionne Stéphanie Gratton, vice-présidente de la Fédération des employées et employés de services publics (CSN). Aucune date n’a été fixée pour un éventuel retour à la table de négociation et tant que le Conseil du trésor ne donnera pas de nouveaux mandats à la STQ, aucune avancée ne pourra se faire. Rappelons que les travailleuses et les travailleurs ont toujours deux journées de grève « en banque », qu’ils pourront utiliser au moment jugé opportun.

De plus, les augmentations oscillant entre 14 % et 24 % octroyées aux travailleurs des traverses dits brevetés (capitaines, officiers et lieutenants notamment), affiliés à une autre organisation syndicale, laissent entendre que le Conseil du trésor possède les marges de manœuvre nécessaires. Pour l’instant, l’offre présentée à la CSN se situe entre 6,8 % et 14 %, ce qui accentue l’écart de façon considérable entre les bas salarié-es et les autres travailleuses et travailleurs œuvrant sur les traverses. « Tant qu’il n’y aura pas de règlement satisfaisant, les perturbations risquent de se maintenir. Les travailleuses et les travailleurs ne baisseront pas les bras. Alors que des milliers de Québécoises et de Québécois optent quotidiennement pour ces voies de transport, le Conseil du trésor doit intervenir rapidement pour limiter les inconvénients et offrir à nos membres des conditions convenables » explique Barbara Poirier, présidente du Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches (CSN).

Attirer et retenir le personnel des traversiers pour éviter des bris de service

Au cœur des dernières demandes qui restent à régler se trouve l’enjeu d’attraction et de rétention du personnel des traverses. Les membres du Regroupement des traversiers CSN exigent que des mesures concrètes soient instaurées en ce sens afin d’éviter des bris de service. Ainsi, ils demandent un rehaussement pour les préposé-es au quai, ce qui leur permettrait de toucher un meilleur salaire et, par conséquent, d’attirer davantage, ainsi qu’une prime d’attraction et de rétention. De plus, les travailleuses et les travailleurs souhaitent que le versement de leur prime d’inconvénient soit maintenu, même lorsqu’en temps supplémentaire.

Service indispensable

Accompagné par la députée de Québec solidaire Catherine Dorion, porte-parole en matière de transport pour le deuxième groupe d’opposition, le Regroupement des traversiers CSN a aussi rappelé l’importance du service des traverses qui transportent quotidiennement des milliers de personnes et qui permettent d’éviter de longs détours. Les traverses assurent aussi le transport efficace de matières premières indispensables, tel que le grain, notamment, sur la traverse Sorel-Tracy–Saint-Ignace-de-Loyola. « Il est où le ministre des Transports? Là, il est devant une solution concrète pour soulager les automobilistes du trafic et il reste les bras croisés. Au lieu d’être obsédé avec son 3e lien, le ministre devrait mettre ses efforts pour faire en sorte que son gouvernement donne les moyens à la STQ de régler cette négociation » conclue Catherine Dorion, députée de Taschereau et porte-parole en matière de transport pour Québec solidaire.